Vous n’êtes pas seuls est une association à but non lucratif, née d’une forte solitude face aux injustices et aux ravages indissociables de notre civilisation. Elle a pour but d’accompagner des salariés souffrant d’une fracture entre leur travail et leurs valeurs, d’accumuler des connaissances d’initiés sur les nuisances de leurs secteurs, de diffuser les témoignages de leur rupture, tout en s’inspirant des alternatives prometteuses existantes. Sa raison d’être est de créer des passerelles vers les archipels de résistances écologiques et sociales.
MANIFESTE
Nous avions tout pour « réussir ». Salaire confortable, capital social, culturel, symbolique : nous « réussissions ». Et pourtant… Ces privilèges, nous avons choisi de les subvertir, afin de résister contre l’œuvre destructrice de l’économie.
Nous avons compris que les États, grandes fortunes, banques, ou multinationales, ne feront jamais rien pour mettre fin au désastre écologique et social, car leurs pouvoirs, leurs richesses, leurs influences, leurs dominations, ont dépendu — et dépendent toujours — de l’exploitation humaine, du reste du vivant, et de l’appropriation des ressources planétaires.
Nous nous adressons ici à ceux qui en sont également convaincus, et qui souhaitent désormais riposter. Lucides quant à la lutte des classes qui perdure, nous assumons une stratégie contestable, mais nécessaire : pousser la classe dont nous héritons à la résistance dans le monde professionnel. Ainsi, nous nous considérons légitimes d’interpeller principalement les membres surdiplômés des classes « supérieures », dont nous connaissons les codes. C’est cette « sous-bourgeoisie », courroie de transmission permettant à la bourgeoisie (qui possède) d’exploiter la classe laborieuse (qui travaille) et le reste du vivant, que notre stratégie ambitionne d’enrayer.
Pour ce faire, notre association prétend vous aider, vous conseiller et vous soutenir, afin de répondre à deux questions essentielles concernant votre métier : Comment participer à l’offensive écologique depuis sa position professionnelle ? Et pour quoi, pour quelles alternatives à la civilisation capitaliste industrielle ?
COMMENT ?
Cadre dirigeant, jeune salarié, haut fonctionnaire, vous êtes confrontés à des méga-structures, tant publiques que privées, en quête perpétuelle de croissance, dont l’inertie est colossale et la domination quasi totale. Nous affirmons qu’il est vain d’espérer détourner, réformer, ou humaniser vos industries, vos employeurs, vos postes. Notre stratégie préfère la désertion à la reconversion professionnelle, le lancement d’alerte au réformisme, le démantèlement à la RSE.
Aux infiltrés qui ont perdu leurs illusions, nous proposons donc de vous accompagner dans la construction d’un ultime argumentaire pour confronter votre hiérarchie, et le cas échéant, de donner du poids à votre parole en rendant publique
votre désertion.
POUR QUOI ?
Cette étape est dédiée aux alternatives concrètes au travail rémunéré, qui existent ou sont envisageables, afin de ne plus subir, s’émanciper de cette manière destructrice d’habiter la Terre, prendre soin de soi-même, de ses proches, redevenir maître de son temps. En somme, la destruction du monde nous impose de mettre en pratique d’autres façons de vivre ensemble et de se rapporter aux milieux vivants. L’idée n’étant pas de quitter une occupation nuisible pour une autre, mais d’œuvrer à :
Résister aux fausses solutions
Restaurer le monde naturel
Mettre fin aux destructions en cours
Médias indépendants, éducation populaire, désobéissance civile, jardins partagés, écovillages, hacktivisme, sabotage, réseaux d’entraide, ZAD, chantiers participatifs, collectifs autogérés, écriture de critiques sociales et politiques… Il existe une multitude d’imaginaires désirables et de manières de participer à leur construction, à nous de les renforcer !
Aux révoltés solitaires : vous n’êtes pas seuls !
Un logo en écho aux luttes passées, notamment le marronnage
Le marronnage désigne une résistance à l’emprise du maître, à la monoculture intensive de ses plantations. Dans la défense de leurs lieux de vie et de refuge, les marron.ne.s incarnent l’une des premières écologies populaires.
De cet imaginaire puissant, hérité du monde caribéen, découle aussi le symbole de la conque de lambis, ancêtre du mégaphone soufflant l’alerte, dépassant ainsi la seule histoire de l’esclavage colonial. Comme ces fugitifs, nous avons choisi de déserter, de riposter.