Dans quelques jours aura lieu à Paris la troisième édition du « sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle ». Une formidable opportunité pour la France de rayonner à l’international en rassemblant tout un gratin de technocrates tous plus érudits les uns que les autres. Parmi une flopée de startuppers et d’experts faisant la navette entre administration publique et groupes d’intérêts privés, des représentants et chefs d’États autoritaires viendront serrer la pince de milliardaires de la tech pour discuter de l’avenir de notre belle civilisation. Vraisemblablement, qu’on le veuille ou non, celle-ci devra être totalement informatisée. Mais rassurons-nous, car la communication officielle de l’événement nous rappelle que son objectif est de « renforcer l’action internationale en faveur d’une intelligence artificielle au service de l’intérêt général ».

La critique du fantasme cybernéticien n’est plus à faire. Pourtant, c’est bien ce monde complètement artificiel, connecté, calculé, administré par des machines qui chaque jour, prend un peu plus forme sous nos yeux. Ce texte est une invitation à sortir de la sidération liée à la morbidité du quotidien pour faire face prioritairement à ce totalitarisme informatique.[1]

IA BU ZO MEU

Si on veut s’intéresser à l’ordre du jour dudit sommet, une bonne maîtrise de la novlangue devient nécessaire. Il y sera question de « faire grandir des écosystèmes d’IA compétitifs et soutenables », de « mettre en place une gouvernance de l’IA efficiente et réellement inclusive », bref d’aller « vers un écosystème d’IA résilient et ouvert » afin de « tirer parti de l’IA pour protéger les démocraties ». Une tambouille de lieux communs, d’en même temps et d’idées confuses dont seuls les libéraux ont la recette et qui se passe pratiquement de commentaire.

Rappelons tout de même une ou deux bases, pour qui ne verrait pas bien ce qu’est un « écosystème d’IA ». Ce qu’on appelle assez abusivement intelligence artificielle est généralement ni plus ni moins qu’un programme informatique conçu pour automatiser une prise de décision par calcul statistique. A priori pas grand-chose de proprement intelligent là-dedans, mais passons.

Si une chose ne fait pas de doute, c’est bien son caractère artificiel. Effectivement tout programme informatique résulte d’une série d’instructions rédigées dans l’un des innombrables langages que l’humain a inventés pour interagir avec les machines. Ces instructions ne peuvent être interprétées que si le langage est reconnu par un autre programme (le logiciel d’implémentation), lui-même conçu pour fonctionner dans un système d’exploitation du matériel informatique utilisé, etc.

Les programmes d’apprentissage statistique ont ceci de particulier qu’ils nécessitent d’être soumis à de grandes quantités d’information afin de calibrer les paramètres de l’algorithme au cœur de leur processus. Toute cette programmation, ces calculs et cette accumulation d’information n’existent pas sans une industrie de pointe (extraction minière, chimie, micro-électronique), la division du travail qui l’accompagne, des infrastructures lourdes (centres de données, câbles transocéaniques, fibre optique, satellites, antennes relais) et évidemment la myriade de terminaux désormais omniprésents dans nos quotidiens (ordinateurs, ordiphones, objets connectés).[2]

Le fait que la classe technocratique parle d’« écosystèmes d’IA » plutôt que de systèmes informatiques traduit assez bien son état d’esprit général. Avec son propre langage vidé de sens, ce petit monde s’est pratiquement persuadé que l’IA est quelque chose d’organique, de vivant voire d’anthropomorphe, faisant inéluctablement partie du paysage, d’une sorte de nature entièrement fabriquée par l’humain. On nage en plein délire démiurgique quand il s’agit de « faire grandir des écosystèmes d’IA compétitifs et soutenables ». Non contents d’avoir soumis l’humanité et saccagé la nature dans leur course à la puissance, les capitalistes confirment leur intention d’accélérer le processus avec des machines à leur image. A ce stade, il ne me semble pas nécessaire de revenir sur la série tragicomique de qualificatifs : « soutenables », « inclusive », « ouvert » …

Qui veut encore y croire ?

Plus sérieusement, est-il encore envisageable de rester béat devant l’intensification du régime techno-industriel des dernières décennies, à son extension à toute forme d’activité ? Est-il encore possible d’être naïf au point de croire à la fable selon laquelle tout ce développement énergétique et numérique est non seulement utile mais nécessaire à la qualité de vie, la santé, l’éducation, l’écologie ?

Alors que la septième des neuf limites planétaires est en passe d’être franchie[3], qui doute encore du fait que la technologie – les machines, les réseaux d’infrastructures et le discours qui accompagne leur développement – est ambivalente, que les coûts associés à son développement sont de plus en plus lourds, les pertes de plus en plus définitives ? Que ce même développement technologique bénéficie avant tout à ceux qui en tirent leur puissance, leur capacité à accumuler et à exploiter ? Qui veut encore croire qu’il y a quoi que ce soit de neutre dans la technologie ? Qu’il puisse exister une intelligence artificielle verte, démocratique et bienveillante, dès lors que celle-ci n’est autre que la dernière œuvre en date d’une civilisation construite sur l’exploitation sans limite des êtres humains et de la nature ?

N’en déplaise à toute une partie de la gauche encore engluée dans le scientisme, qui préfère voire dans la critique de l’industrie un esprit réactionnaire plutôt que des visées émancipatrices[4], le camp de la réaction ne s’est quant à lui jamais construit autour d’une critique du développement technologique. Depuis les débuts de l’ère industrielle, ceux qui veulent asseoir leur domination et maintenir leurs privilèges ont non seulement utilisé et développé des techniques de pointe, mais ont fait du développement scientifique et technologique leur fer de lance. De manière assez emblématique, il est à noter que le régime nazi était particulièrement technophile et a reçu un soutien conséquent de la part de grands industriels américains.[5] Aussi pardonnez-nous si nous ne sommes nullement surpris par le spectacle contemporain conjuguant signe de ralliement fasciste, discours suprémaciste, attitude masculiniste, impérialisme débridé d’une part, et d’autre part la concentration d’un arsenal technologique dernier cri.

Bien sûr, pour la pensée libérale, c’est un choc. Quelque peu désemparés, les apôtres invertébrés du darwinisme social n’en continuent pas moins de se répéter haut et fort leur mantra, comme pour éviter de perdre la foi : il faut s’adapter, il n’y a pas d’alternative.[6] Bon, il faut être un peu décérébré pour affirmer qu’on ne peut pas faire société sans internet, sans smartphone, sans IA générative et toutes ces choses qui n’existaient pas il y a encore 20 ou 30 ans. On se doute bien qu’ils trouvent leur compte dans ce petit commerce de l’impuissance et du chacun pour soi. Et puis après tout, une fois qu’on s’est dit cela, pourquoi se priver de prendre sa part dans cet emballement économique généralisé ?[7]

La gauche, quant à elle, patauge dans le confusionnisme, peinant à se dépêtrer de la téléologie marxiste selon laquelle le capitalisme industriel lui-même finirait par mener à une société sans classe, et qu’en fin de compte il faut bien en passer par toutes ces horreurs. Les partis progressistes et autres collectifs citoyens prônent donc principalement les écogestes et la régulation par l’Etat pour éviter les dérives de l’industrie. En l’occurrence, on y critique la surveillance algorithmique mais on veut bien développer l’IA pour mettre au point de nouveaux médicaments. Même les anarchistes, historiquement attachés à la critique de la religion et du pouvoir Etatique semblent bien en peine lorsqu’il s’agit de s’attaquer au culte principal de notre époque, né de l’union de la science et de la technologie.

Ce monde qui flétrit

Finalement, entre les transhumanistes fanatiques, les opportunistes, les idéalistes, les cyniques et tous ceux qui préfèrent détourner le regard, la majorité des êtres civilisés s’est trouvée une bonne raison de se faire à un monde totalement informatisé. Avouons que l’atomisation des réalités individuelles construites par le biais des prothèses numériques n’aide pas.

Alors les conversations se délitent. La vie humaine se réduit petit à petit à une suite d’informations, le langage à un ensemble de signaux, de tweets et de bits. Tout est quantifié. Ce qui n’est pas quantifiable n’a pas de valeur. Ce qui n’a pas de valeur n’existe pas dans le système d’information. Anomalie. Sur les écrans, la réalité est aplatie. Tout se vaut. Les mots sont employés à tort et à travers. Plus rien n’est aberrant. Entre réalité et fiction, les esprits nagent dans un océan de confusion.

L’économie ne confère pratiquement plus de valeur à l’instruction et au soin des individus par eux-mêmes. Pour apprendre et se soigner, les humains domestiqués peuvent compter sur les machines.[8] Pas loin de devenir totalement obsolète, sapiens est encore utile à l’apprentissage et au soin des ordinateurs :  apports énergétiques, minerais digérés par l’industrie chimique, information en quantité exponentielle… Toutes ces activités extrêmement bien hiérarchisées sont désormais au centre du système de valeur, jusqu’à la surprotection des temples où les données sont entreposées. Le capitalisme industriel aura réussi l’exploit d’instaurer une méga-machine dont la voracité dépasse celle des capitalistes eux-mêmes. Non sans une certaine fascination, ceux-ci la regardent grandir, manger la Terre et le reste de leur troupeau.

S’il fallait le redire, critiquer et tenter de résister à la numérisation du monde n’implique pas que nous soyons contre la technique, si ceci a d’ailleurs un sens. Au contraire, du fléau technologique nous souhaitons préserver toutes les techniques – au sens des savoir-faire humains, des arts, des outils, des connaissances pratiques – au potentiel émancipateur, celles qui favorisent la créativité, les usages collectifs, une entente avec la nature. Ces techniques, par leur diversité, font des groupes humains qui les maîtrisent autant de sociétés aptes à chercher leur propre équilibre entre aspiration à la liberté et nécessités liées aux contraintes naturelles.

Or avec la technologie colonisatrice, il n’y a pas de cohabitation possible. En l’espace d’une génération, des accélérations comme l’omniprésence de la micro-électronique, la généralisation d’internet, le smartphone, la gestion de la Covid-19, le développement des géants de la tech ont généré un certain nombre de cliquets, rendant ce monde de plus en plus difficile à défaire et à transformer.

Que faire pour sortir de la torpeur ?

Pour commencer, en finir avec le mirage de la régulation efficace de la technologie par l’État.[9] Puisque cela va toujours mieux en répétant les choses : l’État moderne tire sa puissance du développement technoscientifique, de l’IA en dernière espèce. En fonction de la conjoncture historique, ses citoyens pourront se donner l’illusion que l’arsenal technologique coïncide avec des formes d’émancipation ou au contraire s’alerter de son caractère coercitif et guerrier.

Penser que la CNIL ou un autre organisme technocratique – c’est-à-dire conférant la responsabilité à des experts – soit en mesure de réguler le développement informatique et de le faire a fortiori dans une période qui ressemble à une nouvelle courses aux armements, c’est s’économiser à tort une critique nécessaire de l’État. C’est faire perdurer la vision idéaliste d’une potentielle administration réellement démocratique voire autogestionnaire de la société industrielle, alors que celle-ci est justement construite par la domination, la division des tâches à l’extrême et la centralisation du pouvoir.

A l’inverse, on connaît l’autre manipulation de la société de masse qui ne serait qu’une somme d’individus : celle des écogestes et de la responsabilité écrasante pesant sur citoyen. Si limiter notre dépendance individuelle aux machines permet évidemment de nous prémunir ainsi que notre entourage des conséquences sur nos corps et notre capacité à faire collectivement, il serait absurde de nous priver de manière dogmatique des outils du système technologique que nous entendons combattre. Alors, comment s’organiser de manière à la fois collective, sérieuse et offensive contre ce totalitarisme informatique, sans rien attendre des institutions ?

Pourquoi ne pas partir de la fabrique de cette informatisation, c’est-à-dire des entreprises et des métiers qui de près ou de loin jouent un rôle dans celle-ci ? Si on réfléchit un peu, on se rend compte que cela fait un paquet de monde. En France, c’est au moins quatre salariés sur cinq qui utilisent régulièrement un ordinateur au travail. Enormément de secteurs industriels et tertiaires sont indispensables au bon fonctionnement du matériel informatique et des programmes. De plus en plus d’humains vont devoir travailler au service des machines. Il est donc grand temps que les luttes du travail et le combat écologiste se rejoignent dans un mouvement de résistance organisé contre l’intelligence artificielle et plus largement la machinisation du monde.[10]

Concrètement, nous sommes convaincus que pour être fructueuse, cette convergence doit s’articuler autour de deux méthodes historiquement éprouvées : l’enquête et le sabotage. Il nous semble que les salariés, les experts, les cadres qui désertent, au-delà de porter un message politique par leur démission publique, ont un rôle clé à jouer dans l’articulation de ces pratiques pouvant se décliner à l’intérieur comme à l’extérieur des organisations.[11]

Renseignement sur et par les systèmes informatiques

Qui mieux que des cadres ou salariés d’entreprises comme OVH, Orange, Iliad, Altice, Equinix, Covage, TDF, nLighten, Scaleway pour n’en citer que quelques-unes, voire des GAFAM, qui mieux que ces personnes pour produire du renseignement sur les infrastructures clés dans le stockage, la transmission, le calcul informatique ? Les travailleurs des entreprises du secteur et de leurs prestataires disposent des savoirs clés dans la conception et le maintien des centres de données, des réseaux de télécommunications, de leur approvisionnement énergétique. Les commerciaux et leurs clients publics ou privés savent quels sont les futurs projets. Chaque salarié de ces organisations, qu’il ou elle soit coordinatrice de chantier, installateur fibre, ingénieur avant-vente, planificateur, experte des systèmes électriques, chargé de projet, responsable méthode, informaticien, directrice de programme, chaque salarié dispose d’informations permettant d’empêcher la construction d’un nouveau centre de données, le déploiement d’un nouveau réseau de télécommunication, voire la mise à l’arrêt de matériel existant.

Rappelons d’ailleurs que ce matériel existant ne fonctionne que parce qu’il est choyé par d’autres travailleurs dévoués. Sans la bienveillance des opérateurs des réseaux électriques, de fibre optique, d’antennes relais, des pannes se succéderaient régulièrement dans tous les secteurs de l’économie. On peut aisément imaginer les conséquences ne serait-ce que d’une simple négligence concertée. Quant aux systèmes d’informations, combien de personnes sont quotidiennement au service de leur fonctionnement ? Rien qu’en France, plus de deux millions de personnes sont rémunérées pour des activités strictement informatiques. Architectes SI, administrateurs système, responsables de base de données, développeurs : d’innombrables phalanges caressent quotidiennement les claviers pour que l’information soit acheminée, structurée, archivée, disponible, prête à être consommée. Plutôt que de maintenir sagement tous ces systèmes d’informations et ces programmes en conditions opérationnelles, il n’est pas inenvisageable que certaines de ces phalanges se mettent subitement à glisser, générant un tas de malheureux dysfonctionnements.

Mais tant que l’information est là, pourquoi se priver de l’utiliser ? Administrations, entreprises de service public, grands groupes industriels et du tertiaire : tous disposent dans leurs bases de données de mines d’information sur les organisations à mettre hors d’état de nuire. Noms des responsables, localisations des sites, bilans financiers, approvisionnement énergétique, gestion des stocks, logistique, sous-traitance, sécurité… Conséquemment à l’informatisation de tous les services, ces données sont presque systématiquement consignées dans des bases auxquelles de nombreux salariés ont accès au quotidien. Ce qui fait, au bas mot dans un pays comme la France, des centaines de milliers de personnes ayant accès à des données sur des dispositifs, des entreprises, du matériel à mettre à l’arrêt ou hors d’état de nuire. Compte tenu du risque pratiquement nul à diffuser des informations aussi répandues, ne serait-ce pas du zèle de docilité de s’en priver ?

En particulier et pour le sujet qui nous intéresse ici, il serait opportun de connaître les points névralgiques des systèmes informatiques : alimentation électrique, caractère centralisé ou décentralisé, niveau de protection contre l’eau, le feu… Pour reprendre la rhétorique régulièrement opposée aux militants technocritiques, connaître et faire connaître les différents moyens et gestes pour arrêter des dispositifs informatiques, cela aussi peut sauver des vies. A défaut d’être capable d’indiquer comment détruire les armes qu’ils façonnent les concepteurs et développeurs informatiques doivent pouvoir renseigner sur les façons de détourner ou contourner leurs dispositifs. Typiquement, puisque la surveillance algorithmique se généralise, des suivis de déploiements ou des manuels de contournements de ces systèmes seraient de précieux atouts pour conserver quelques degrés de liberté dans ce qui ressemble de plus en plus à une société panoptique.

Quant à celles et ceux qui ont le sentiment de ne pas avoir la main sur toutes ces choses mais sont néanmoins que leur travail au quotidien fait partie du problème, il est probablement utile de leur rappeler que même si tout nous pousse collectivement à la productivité et à l’efficacité, il est souvent possible de renouer avec des méthodes historiques du sabotage : ralentissement du travail, interférences avec la production, perte de temps à faire des choses inutiles… Ces pratiques de résistance quotidienne ont fait leurs preuves au point que même l’OSS en avait fait un manuel.[12] La désertion est également un moyen de secouer le cocotier, de remettre quelques idées en place, de faire en sorte que les collègues ne s’oublient pas dans leur routine quotidienne.

Au-delà du travail, tout un chacun peut observer, se renseigner, faire preuve de lucidité et porter son attention ailleurs que là où elle est aspirée. Ce qui compte n’est pas au journal de 20h ou dans les millions de tweets pour commenter le spectacle apocalyptique. Que se passe-t-il dans mon quotidien, dans ma commune, sur mon territoire ? Quelles forces sont à l’œuvre, qui sont les acteurs en présence ? En faisant preuve de discernement et d’abnégation dans l’enquête auprès des administrations, des personnes, des entreprises, en tirant des fils, l’enquête critique est le meilleur moyen à la fois pour comprendre le monde qui nous entoure et trouver des prises sur lui. Ces prises sont parfois analytiques, intellectuelles et d’autres fois matérielles, révélant les imperfections et fragilités des œuvres qui nous entourent.

Entre avoir les mains et les yeux dans les entrailles du monstre technologique d’une part et d’autre part le recul nécessaire pour appréhender ses nouvelles armes ou ses faiblesses, notre mouvement n’a pas le luxe de choisir. Les discussions entre les travailleurs et les forces qui s’organisent en dehors sont clé pour une résistance à la hauteur de l’époque. Se parer d’une posture pseudo-radicale liée à la nature du combat contre la technologie serait vain. Sans rien abandonner de nos convictions, il est crucial de ne pas rester isolé, de partager des éléments de critique aux personnes de son entourage aptes à les entendre, à réfléchir collectivement aux prises autour de soi dans son quotidien. Pour que les existences cessent d’être au service du moindre mal et puissent enfin se tourner vers l’action.


[1] Le terme fait délibérément écho au livre récemment publié par Christopher Pollman, Le totalitarisme informatique (2024 aux éditions Le Bord de l’eau) dans lequel il actualise la critique du fantasme cybernétique, fait le bilan des conséquences sociales de l’informatique et notamment du fait que l’humain tend à devenir superflu.

[2] Pour un aperçu de quelques-unes des conséquences matérielles de l’industrie du numérique, lire Barbarie numérique, une autre histoire du monde connecté de Fabien Lebrun paru en 2024 à L’échappée

[3] Voir les publications de fin 2024 de l’institut Potsdam pour la rechercher sur l’impact climatique (https://www.pik-potsdam.de/en/news/latest-news/earth-exceed-safe-limits-first-planetary-health-check-issues-red-alert)

[4] Une réponse à une des dernières charges contre le mouvement anti-industriel et pour éviter ce genre d’hostilité horizontale : https://cric-grenoble.info/analyses/article/naufrage-reactionnaire-la-plaidoirie-de-la-defense-3329

[5] Plusieurs écrits sont consacrés à la question dont Le modernisme réactionnaire : haine de la raison et culte de la technologie aux sources du nazisme de Jeffrey Herf paru en 2018 à L’échappée

[6] Dont la dernière version, une déclaration du PDG d’Open AI Sam Altman le 24 janvier 2025 : « Les progrès de l’IA pourraient nécessiter des changements dans le contrat social […] l’ensemble de la structure sociale pourrait être reconfigurée »

[7] Par exemple, Le Monde nous fait la clémence de partager son analyse dans un éditorial : pour réagir à l’ « offensive technologique américaine » et au risque de « vassalisation rampante, il s’agirait de se bouger au niveau de l’Union Européenne, c’est-à-dire surtout de « mobiliser des capitaux » : https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/01/24/reagir-face-a-l-offensive-technologique-americaine_6513625_3232.html

[8] Voir par exemple ces étudiants qui ont une IA comme professeur https://etudiant.lefigaro.fr/article/etudes/dans-ces-ecoles-americaines-l-ia-a-deja-remplace-les-professeurs-20250124/ ou la prise en charge des troubles psychologiques par une IA en Allemagne : https://dtxalliance.org/members/hellobetter/

[9] Un article de l’Association Française contre l’Intelligence Artificielle démonte typiquement cette illusion : https://afcia-association.fr/pourquoi-nous-ne-croyons-pas-a-la-regulation-de-lia/

[10] L’excellent deuxième tome d’Histoire du sabotage. Neutraliser le système techno-industriel paru fin 2024 aux éditions LIBRE revient notamment sur le réagencement contemporain des pratiques de sabotage et des ponts qui sont jetés entre le monde du travail et les luttes écologises

[11] L’engagement de Thomas Le Bonniec en est un très bon exemple. Salarié pendant un temps chez une filiale d’Apple, Thomas a lancé l’alerte sur le dispositif d’écoute massive de la multinationale. Son combat se décline aujourd’hui devant les tribunaux, aux côté d’organisations syndicales et dans son travail de recherche sur le travail du clic : https://www.humanite.fr/social-et-economie/apple/ecoutes-de-ses-utilisateurs-apple-signe-un-accord-de-95-millions-mais-ne-reconnait-pas-ses-torts

[12] Voir ici : https://www.hacking-social.com/2016/05/09/etre-stupide-ou-lart-du-sabotage-social-selon-les-lecons-de-oss/