Restaurer le monde naturel


Résilience & Autonomie Alimentaire

« Une transition vers des systèmes alimentaires sains est un impératif social, écologique, économique et démocratique. »

Manifeste Food for Health, Dr Vandana Shiva (2019)

Nous avons été détournés de l’idée de subvenir à nos propres besoins immédiats, il en résulte cette dépendance totale à l’égard d’un système productiviste mondialisé, qui n’agit que pour ses propres intérêts.

Ce cruel manque d’autonomie, notamment alimentaire, explique largement notre impuissance à changer la donne à l’heure où, pourtant, nous savons que la renverser est, pour notre préservation et celle des milieux-vivants, une question de vie ou de mort.

Les pollutions, les pertes de biodiversité de même que le réchauffement climatique sont les traces matérielles des prédations des multinationales et États libéraux, comprenant des inégalités sociales globales, des discriminations de genre et de race.

« La violence des plantations est tacitement acceptée par les États et consommateurs, qu’il s’agisse de plantations de palmiers à huile et de soja destructrices de forêts et communautés humaines et non humaines, de fermes industrielles d’animaux en cages, d’usines de fabrication de produits chimiques toxiques, […] dans l’usage compulsif de pesticides dans les Antilles françaises, comme dans l’extraction toxique d’uranium dans les pays africains.»

Malcom Ferdinand, Une écologie décoloniale (Éditions du Seuil, 2019)

Le message-clé ici est d’informer sur la nécessité de refuser de dépendre d’un système agricole industriel aux pratiques destructrices, dépendant des produits chimiques (intrants, pesticides, etc.) et des combustibles fossiles, au profit de méthodes d’agriculture ancestrales qui favorisent la biodiversité, la regénération des sols, l’autonomie technique et énérgetique, dont peut bénéficier la société.

« Les petits agriculteurs peuvent doubler leur production alimentaire en une décennie en utilisant des méthodes écologiques simples. »

Olivier de Schutter, Rapporteur Spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation (2010)

De plus grandes quantités d’aliments de meilleure qualité peuvent être produites sans détruire le mode de vie rural et sans infliger des violences aux humains et non-humains.

Des méthodes locales, aux techniques démocratiques, respectueuses et régénératrices du vivant sont une solution face aux crises climatiques et environnementales, qui ne vont cesser de s’intensifier.

Elles nous offrent également la possibilité de nous émanciper des injustices sociales et environnementales, en organisant nos vies de façon à ne plus avoir à s’y soumettre.

Agriculture : vers une Agroécologie décarbonée

L’agroécologie, ou agro-écologie, recoupe des théories, réalités scientifiques, savoirs et pratiques agricoles nourries ou inspirées par les connaissances de l’écologie, de la science et du monde agricole.

  • Le jardin créole ou jardin de case est un type d’agroécosystème fréquent en Guyane, aux Antilles et à La Réunion, destiné à la production de fruits et légumes et caractérisé par l’association d’une grande diversité d’espèces de plantes différentes, formant plusieurs strates de végétation.
  • Le jardin-fôret, appelé aussi jardin-verger, forêt-jardin, forêt fruitière, forêt nourricière, forêt comestible, est un jardin créé selon le modèle de la forêt naturelle.
  • Les systèmes agro-forestiers et sylvo-pastoraux, est un mode d’exploitation des terres agricoles associant des arbres et des cultures ou de l’élevage extensif.

Agriculture : vers une libération des semences et une diversification génétique

« Le principal obstacle au développement et au bon fonctionnement des filières semencières locales est d’ordre réglementaire. Il est en effet illégal pour un agriculteur de commercialiser des semences sélectionnées et produites sur son exploitation si ces dernières ne sont pas inscrites au Catalogue Officiel. Or cette inscription est extrêmement contraignante. […]

La grande homogénéité génétique des variétés modernes les rend vulnérables face à des perturbations climatiques ou biologiques de plus en plus fréquentes. Les semences sont produites par des entreprises spécialisées, pour des pratiques agro-industrielles peu résilientes et sans prise en compte des spécificités territoriales.
Face aux menaces globales, il est indispensable de développer un réseau local de sélection et de distribution des semences, afin de disposer de variétés diversifiées et adaptées au territoire. » — Association Les Greniers d’Abondance

« Le potentiel de rusticité et d’adaptabilité des semences paysannes et leurs nombreuses qualités agronomiques, nutritionnelles et gustatives leur permettent de répondre tant aux besoins d’agriculteurs en recherche de variétés plus rustiques, adaptées ou adaptables à la diversité de leurs terroirs et à leurs modes de cultures biologiques ou bas-intrants, qu’aux besoins de consommateurs qui souhaitent retrouver de la diversité dans leur alimentation (goûts, couleurs, saveurs…).
L’inadaptation des semences industrielles (variétés uniformisées qui ne peuvent exprimer leurs rendements que dans des milieux artificialisés au moyen d’engrais chimiques ou de pesticides de synthèse…) à ces modes de production respectueux de l’environnement renforce l’intérêt actuel pour les variétés paysannes. Elles permettent par ailleurs de développer l’autonomie sur la ferme, contrairement à la culture de variétés non reproductibles par les paysans (stérilité mâle, hybrides F1, droits de propriété intelectuelle…) qui doivent racheter chaque année de nouvelles semences. » — Association Réseau Semences Paysannes

Exemples d’organisations collectives de gestion des semences paysannes élaboré par l’association Réseau Semences Paysannes qui s’est employé à développer et à défendre les pratiques paysannes de conservation, de sélection et d’échanges de semences. (Rapport Les Maisons des Semences Paysannes, 2014)

Permaculture

« La permaculture repose sur 3 principes éthiques : prendre soin de la Terre, prendre soin des Hommes, partager équitablement les ressources. »

La Ferme biologique du Bec Hellouin, microferme expérimentale fonctionnant selon les principes de la permaculture

Pourquoi tous les enseignements de permaculture devraient inclure le soutien d’une culture de résistance:

« Le parallèle entre les mouvements de l’écologie radicale et de la permaculture est particulièrement frappant à travers deux principes de design permaculturels : chercher à préserver, à régénérer et à étendre tous les paysages naturels et traditionnels est un objectif commun à ces deux communautés ; préserver et accroître la biodiversité est considéré comme essentiel par les écologistes radicaux et par les permaculteurs.

Une réponse à la hauteur de cette destruction est nécessaire. Les tactiques du mouvement environnemental ont été jusqu’ici insuffisantes. Nous perdons. Il est temps de changer de stratégie. C’est pourquoi le mouvement de l’écologie radicale préconise que toutes les tactiques soient envisagées en tant que moyens de stopper la destruction de la planète. Ce qui comprend, sans s’y limiter, la pratique de la permaculture, la législation, l’action juridique, la désobéissance civile et le sabotage industriel. » — Essai initialement publié (en anglais) sur la Colorado Permaculture Guild, traduit par Nicolas Casaux sur le site Le Partage


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